DICTIONNAIRE
WALLON ET FRANÇAIS.
A.
A, aû, â : prumî lett del creuhett : a première lettre de l’alphabet, de la croix-de-par-dieu, des abécédaires. A du verbe avoir, à préposition. — Di Vervî à Lîg i n’i a kuatt foitt es-zeûr ; on pou le fé so treu : On compte quatre fortes lieues de Verviers à Liège ; on peut les faire en trois heures. Considérée substantivement, la voyelle a est mal prononcée par les Wallons : C’ess-ton boubèr, inn sé ni â ni b : C’est un ignare, un balourd, il ne sait ni a ni b. Il faut prononcer a avec la voix plutôt ascendante[1] que latérale[2].
Aba ! Sorte d’interjection wallonne qui exprime le dépit, l’impatience, le doute. — Aba ! i d’auveie : Bah ! il rêve. Cette interjection n’est que locale.
Abagué v. a. p. Emménager, S’emménager, acheter, mettre, transporter des meubles, des effets. — Ya abagué l’nutt del sain Ghan : Il est emménagé la veille de la Saint Jean. — Pron. anménajé.
Abahi, v. a. Abaisser, diminuer de hauteur, déprimer, dépriser, humilier, ravaler, avilir, disgracier. — Abahi on meur : Abaisser un mur, une muraille. — Abahi inn marchandeie : Dépriser une marchandise. — Abahi inn gin diss kiet tèr : déprimer, humilier, ravaler, avilir, quelqu’un sans pitié.
Abahi (s’), v. r. s’Abaisser, se soumettre, s’humilier, se ravaler, s’avilir, s’incliner, se baisser. — On deu s’abahi po s’maîss : On doit obéir, se soumettre à son maître. — Ginn sé k’main kon pou s’abahi komm soula : Je ne sais comment on peut se ravaler ainsi, s’avilir de cette manière. — S’abahi po woisté s’chapai : s’incliner pour saluer. — S’abahi po ramassé in ateg : Se baisser pour ramasser une épingle. — Abaisser au propre signifie diminuer la hau-
- ↑ La voix purement ascendante donne un son homogène qui s’élève sans désinence ; on trouve cette voix dans Amer, Foi, Rare, etc.
- ↑ La voix latérale est plus ou moins soutenue ; mais sans élévation ni chûtes. Il faut remarquer que l’é aigu, a dans certains cas, le son ascendant et latéral : quand la construction de la phrase, du mot, oblige le lecteur, l’orateur, ou celui qui parle, à chercher un appui, la voix se repose sur la voyelle radicale ; et l’affecte de prolongement : Résidu, Féminin, etc.