Page:La Barre de Nanteuil - Le Château de Coëtfrec, paru dans le Bulletin monumental, 1912.djvu/5

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neuse que elle ne se puisse aisément réparer, leur est mandé convoquer et assembler des subgez du païs et faire démolir et abatre la dite place, tellement qu’il n’y apparoisse aucune forteresse »[1].

Ce fut heureusement la première solution qui prévalut : Guillaume dut même obtempérer assez vite, car il était rentré en grâces et siégeait au Grand Conseil le 13 novembre suivant[2]. Cependant il s’agissait d’une reconstruction entière, si l’on en juge par le peu de traces qu’a laissées le château primitif.

Combien de temps dura-t-elle ? Rien ne l’indique malheureusement. À peine peut-on conclure, d’un double type de corbeaux de mâchicoulis, à une interruption probable dans le cours des travaux.

Les temps, d’ailleurs, étaient paisibles pour ce coin de pays, loin duquel se déroulait la lutte contre Louis XI et Charles VIII. Une métairie s’éleva de bonne heure « près et au devant de la porte du dict chasteau », avec ses « appartenances », colombier, verger, clos, etc. Tenue en 1503 par Tugdual Bihan pour vingt-cinq livres monnoie de rente », elle était encore prospère à la veille des guerres de la Ligue, qui allaient donner à l’ouvrage abandonné l’occasion de jouer un dernier rôle dans l’histoire de la province.

Il figurait alors à la suite et un peu en arrière des nombreux domaines d’un bâtard de Bretagne, le comte de Vertus, seigneur de Coëtfrec du chef de sa femme Philippe de Saint-Amadour, qui le tenait de sa mère et de son grand-père maternel Renaud de la Touche, lui-même neveu et héritier de Pierre de Penhouet[3]. Le corps de place était confié à un gardien, Pierre Chaunay ; l’entretien même des couvertures et des « planchers soliveaux » était à la charge

  1. Arch. de la Loire-Inférieure, B. 2, fo 86 vo.
  2. Morice, op. cit., t. III, col. 32.
  3. Arch. de la Loire-Inférieure, B. 1646.