Page:La Barre de Nanteuil - Le Château de Coëtfrec, paru dans le Bulletin monumental, 1912.djvu/6

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du fermier, le seigneur de Rochglas, quand, l’état de guerre s’accentuant, un capitaine royaliste d’un certain renom, Claude de Kerguezay, seigneur de Kergomar, vint y établir garnison. Il fit raser tous les bâtiments de la ferme, les « fossés des parcz adjacentz » et jusqu’aux « boys de haulte fustaye de la decorrance » ; il releva les parapets des chemins de ronde, suivant un marché de 25 à 30 écus passé avec Lemeur, maçon, fit curer les douves par des corvées de paysans. Puis ayant mis la place en état de défense, il la meubla sommairement et l’approvisionna d’armes et de munitions, arquebuses à croc, mousquets, berches et canons, dont notamment deux canons de fonte verte pris d’une barque espagnole.

Dès juin 1590 les ligueurs de Morlaix songèrent à l’assiéger, lorsqu’ils en auraient fini avec Kerouséré. Cependant jusqu’en 1592 Coëtfrec fut pour les voisins un refuge assez tranquille et pour l’armée royale un point d’appui sur lequel elle évacuait ses prisonniers. La garnison ajoutait à ses 438 écus de solde mensuelle le fruit de quelques rapines, et son capitaine était partout où l’on se battait, à Montcontour (1590), aux prises de Brehat (1591) et de Guingamp (2 juin) : si bien qu’il reçut du prince de Dombes le gouvernement de cette dernière place et dut abandonner Coëtfrec.

Il y établit alors pour commander sous lui un gentilhomme du pays, Jonathas de Kergariou-Kerahel. Mais les ligueurs de Morlaix défirent en une rencontre 10 à 15 soudarts de sa compagnie, et Kerahel, mal en point pour la remonter, passa la main à François de Goësbriand (27 avril 1592).

Malheureusement le nouveau capitaine, à peine sorti des prisons de la Ligue, et devant encore au duc de Mercœur la moitié de sa rançon, voyait dans la forteresse royaliste un gage qui valait bien quittance de 4.000 écus. Aussi l’accepta-t-il pour la livrer à l’ennemi dans des conditions dont il a pris soin lui-même de nous laisser le naïf récit.

Il pensait, en ouvrant les portes aux soldats ligueurs, les