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ranger sans difficulté sous son commandement et s’étonna fort quand La Fontenelle, à qui appartenaient ceux qui se présentèrent, s’introduisit à leur suite dans le château. « usant d’une grande perfidie », et quoiqu’il fût désormais « du même party que le dict sieur de Goisbriand », le pria d’en sortir. Telle fut la prétendue surprise de Coëtfrec.

Le célèbre brigand en fit le centre de ses pirateries habituelles et s’y fortifia, dit un contemporain[1], comme il put. Pour l’en déloger, Kergomar dut s’aider des meilleurs capitaines de l’armée royale, tels que Molac et Sourdéac. Ce fut un siège en règle.

Mais cette fois, c’en était fait du château. Les États de Rennes (décembre 1592) le rayèrent de la liste des garnisons de la province et sa démolition fut résolue.

En attendant, la garde en fut confiée à l’enseigne Bisonnet seigneur de la Planpe, et quelques arquebusiers de la garnison de Guingamp choisis parmi ceux qui avaient pris part au siège. Puis lorsque, sous la surveillance d’un secrétaire, l’artillerie, les munitions de guerre, et ce qu’il restait de son mobilier eurent été dirigés sur l’hôtel de Kergomar à Guingamp, et — croit-on — la porte et le pont-levis sur le château de Coëtinisan, on y mit le pic, la pioche et le feu[2].

D’après l’état actuel des ruines, on dut faire trois grandes brèches, dont l’une sur le plateau marque probablement

  1. Moreau : Histoire de ce qui s’est passé en Bretagne durant les guerres de la ligue…, édition Le Bastard de Mesmeur, Saint-Brieuc, 1857, in-8o.
  2. Documents inédits ; Affaire de la prise du château de Coëtfrec par La Fontenelle ; Enquête du 13 mai 1598, dans le Bulletin de la Société archéologique du Finistère, t. XX, 1893, p. 255. — Documents inédits ; Inventaire… que produit… le sieur de Goisbriand, demandeur à requeste du vingt-quatriesme jour du moys d’octobre mil six-cent un… contre Jonathas de Kergariou, sieur de Keraël…, loc. cit., p. 206. — A. de Barthélemy : Choix de documents inédits sur l’histoire de la Ligue en Bretagne, Nantes, 1880, p. 74, 75, 92-96, 125, 126 ; La Chambre du Conseil de la Sainte-Union de Morlaix, cayer pour les affaires de la ville, Nantes, 1885, in-8o, p. 79 et 105. — Morice, op. cit., t. III, col. 1544-1545 et 1682.