Page:La Barre de Nanteuil - Le Château de Coëtfrec, paru dans le Bulletin monumental, 1912.djvu/9

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corbeaux, et s’il n’a pas existé de moineaux dans les douves de l’ouest et du sud-ouest, ce que la ruine de ces deux fronts ne permet malheureusement pas d’affirmer, le tracé lui-même se rattacherait au moyen âge finissant par ce principe constant qu’à chaque crête appartient de défendre son propre angle mort.

Mais un grand changement est à noter : il n’y a ni réduit ni donjon. Rien ne prévoit dans ce petit château la défense pied à pied. Les portes qui donnent accès du corps de logis aux divers étages de la tour d’angle ne sont même pas barricadées.

En résumé, le profil et le tracé de l’enceinte demeurent en arrière de l’engin nouveau, mais la révolution de la tactique a déjà entraîné celle du plan.

Nous sommes en présence de l’un de ces tâtonnements par lesquels des ingénieurs encore inexpérimentés s’efforçaient d’appliquer à la défense les armes à feu qu’un constant perfectionnement imposait. C’est la formule de la porte de Flavigny (Côte-d’Or), de la porte du monastère de Saint-Jean-au-Bois (Oise), de la porte orientale d’Angolsheim, de Kirby-Muxloe (Leicestershire), de Hurstmonceux Castle (Sussex), etc., formule bien caractérisée, facile à différencier de celle qui la suit et dont Bonaguil réalise les premiers progrès, mais moins facile à situer avec précision dans le temps. Il faudra mettre encore beaucoup de textes à jour avant d’en dater l’apparition et la transformation dans les différentes régions.

Pour la Bretagne, celui qui concerne Coëtfrec, et dont j’ai publié un extrait plus haut, inscrit dans cette période hésitante de l’architecture militaire la date de 1462. Or, la « canonnière » était déjà apparue en Haute-Bretagne, concurremment avec l’« arballestrière », dès 1417 dans un marché pour la reconstruction de la porte du château de Lamballe, puis en 1427, dans un marché passé pour la construction de bastilles en bois sur les douves de l’enceinte de