Page:La Beaume - Le Koran analysé, 1878.djvu/20

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prouver en leur présentant la lettre même de celle loi. Il serait inutile, en effet, de chercher à leur expliquer, laissant cette lettre de côté, comment considérés de haut et débarrassés des dogmes, indices du degré atteint par l’intelligence religieuse, au temps de la promulgation, tous les Codes religieux sont d’accord pour signaler ce qui est essentiellement le bien, ce qui est essentiellement le mal : ils ne seront de longtemps de force à comprendre ce qui n’est accessible qu’aux esprits cultivés.

Le Koran, de même que les lois de Manou, notamment, et les livres colligés par le juif Esdras au retour de la captivité de Babylone, est un Code tout à la fois religieux, politique et civil. Beaucoup de personnes voient dans ce fait un obstacle insurmontable à la réalisation de tout progrès. C’est tenir trop de compte du mysticisme et pas assez de la raison, trop de compte des habitudes el pas assez des intérêts qui vont les modifiant tous les jours. Il suffit de considérer pour s’en convaincre, ce qui est advenu au milieu de notre société française des prescriptions civiles de la loi mosaïque et ce que, sans aucune préoccupation de prosélytisme, nos colons el nos soldats ont déjà apporté de changements dans les habitudes, dans les opinions des musulmans qui vivent auprès d’eux.

Mais pour le procédé recommandé ici il faut disposer d’un guide à l’aide duquel on puisse trouver immédiatement les textes nécessaires.

C’est afin de fournir ce guide qu’a été entreprise la présente analyse du Koran.

Qu’on ne s’inquiète pas du temps qu’on mettra à recourir, sous les yeux même du musulman, à la page, à l’article : ce qu’il nous reproche, à nous Français, c’est la promptitude de la répartie. On est sûr de son respect quand on lui fait attendre une réponse grave, posée et résultat d’une étude dans un livre.

Il semble peu nécessaire de faire remarquer, après tout ce qui vient d’être dit, qu’il n’est nullement question d’une appréciation de la valeur relative des différentes formules, des différents dogmes sous lesquels l’idée fondamentale est traduite dans les différents cultes. Encore moins se propose-t-on d’opposer, en particulier, chrétiens à musulmans, on ne veut que montrer aux uns comme aux autres qu’ils obéissent à des principes généraux identiques et que si, des deux parts, les plus éclairés consentaient à mettre en oubli tout préjugé de culte, ils se rencontreraient bien vite dans les mêmes efforts pour atteindre au même progrès social.

Celle lâche ne saurait être remplie par qui l’aborderait avec une préférence pour l’une des nombreuses solutions du grand problème de la cause première et de la fin dernière imaginées pour le repos des consciences timides. Il faut mettre de côté