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l’orgueil humain quand on interroge les livres dits sacrés. Il faut comprendre que ce n’est, en définitive, que l’homme qui y fait parler Dieu et que l’homme, prophète ou philosophe, suivant la profondeur du sillon qu’il creuse dans les masses, est impuissant à se soustraire aux influences du milieu qui de partout pèse sur lui.

Le système adopté pour cette analyse du Koran n’a pas été combiné du premier coup. Une couleur de prédication répandue également sur toute l’œuvre de Mahomet et qui en pénètre les moindres parties, rend souvent fort difficile de distinguer l’idée principale qu’il convient de mettre en relief. D’un autre côté, à y avait à trouver la forme la plus favorable pour les recherches. Celle de dictionnaire avait d’abord séduit, mais un dictionnaire n’est pas une analyse logique. Chacun des articles dont il se serait composé aurait été sans liaison avec ses voisins ; ce n’aurait été qu’après un très-patient triage qu’auraient pu être réunies les diverses fractions de la même matière. Il a semblé plus sage d’adopter un classement par familles d’idées.

Ainsi, après le peu de détails précis que contient le Koran, relativement à l’histoire, proprement dite, vient ce qui est spécial à la personnalité de Mahomet ; puis ce qui caractérise le mode de sa prédication. Sa doctrine étant le résultat des doctrines professées autour de lui par les groupes plus éclairés que les Arabes idolâtres, ses compatriotes, deux chapitres distincts renferment ce qu’il savait des juifs et des chrétiens. La très-pauvre métaphysique et la théodicée qu’il a ébauchées, sans manquer, non plus d’ailleurs que saint Augustin, à juxtaposer le libre arbitre et la grâce nécessaire, ce qui revient à proclamer de nouveau le Fatum antique, préparent à mieux entendre ce qu’il dit de son Koran, puis de la Religion, ce qu’il impose à titre de dogme, ce qu’il prescrit comme culte, ce qu’il promulgue comme loi. Parvenu à ce point culminant, on apprécie avec plus de sûreté l’organisation sociale qu’il a réalisée. On la trouve en harmonie avec ce qu’il « exposé en fait de sciences, d’arts, de commerce et l’on n’en est que plus frappé de la pureté de sa morale. Enfin, il a été tenu compte de ce que le Koran contient de promesses et de conditions quant au progrès.

Un ordre logique a été établi dans l’intérieur de celles de ces grandes divisions qui le comportaient, mais partout a été observé un si absolu respect pour la lettre du Koran, telle que nous la donne la plus exacte des traductions françaises, celle de M. de Biberstein Kasimirshi, qu’en rétablissant chapitres et versets dans leur ordre numérique, soigneusement indiqué, on reconstruirait en entier l’œuvre primitive.