Page:La Bhagavadgita, trad. de Senart, 1922.djvu/40

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essentielle, même si elle ne s’explicite pas, sommeille dans toute âme humaine. Il est aussi vain de chercher dans la bhakti, l’adoration de Kṛishṇa, et dans le prasâda, la faveur du dieu, une influence de la foi et de la pensée chrétiennes, qu’un emprunt au dogme chrétien dans le dieu du Çvetadvîpa.

Tout entière, la Bhagavadgîtâ est un recueil de strophes et de morceaux que la tradition centrale de la secte a groupés autour de son idée maîtresse. Il a dû être d’abord confié à la mémoire. Il se peut assurément que plusieurs vers y aient pris place tardivement. Il n’importe guère : ils n’en ont pu altérer le caractère général. Mais à quelle date précise l’ensemble a-t-il été dérobé par l’écriture à tous les hasards ? C’est ce qu’il est, quant à présent, impossible, je crois, de décider. Tout ce que j’ose dire, c’est que je ne vois pas que l’œuvre se doive ramener plus bas que le iiie siècle avant notre ère. Ainsi avait conclu Telang. Si je ne puis m’approprier tous ses considérants, il est juste de se souvenir que, à l’heure ou il écrivait, il n’avait point connaissance de ceux qui me paraissent, jusqu’à nouvel ordre, les plus décisifs.

Je n’oublie pas que l’on a prétendu discerner des étapes successives par lesquelles, après s’être ébranlé peu à peu au-dessus de son rôle primitif de héros guerrier ou de prophète-religieux, le dieu