Page:La Bigne Villeneuve - Cartulaire de l’Abbaye Saint-Georges.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 9 −

du couvent qui abrita leurs vies. Ils se rattachent encore à ce qui reste des bâtiments de l’abbaye, bien que les vicissitudes du temps et les révolutions en aient étrangement changé la destination. L’abbaye est aujourd’hui une caserne.

Quoi qu’il en soit, elle offre encore aux regards, vers le bas du coteau qui longe, à l’Est de Rennes, la rive droite de la Vilaine, une imposante et monumentale façade.

A mesure qu’on en découvre mieux les proportions, à travers les constructions inégales et les groupes d’arbres qui le voilent à demi, on reconnaît un édifice de dimensions grandioses qui frappe par son harmonieuse et simple gravité.

Sur un ample corps-de-logis, flanqué de deux pavillons, le tout surmonté d’une toiture à la Mansard, se déploie un triple rang horizontal de vingt-trois fenêtres ; immédiatement au-dessous s’ouvre une série de dix-neuf arcades en plein cintre, formant portique voûté et rappelant le caractère monastique du bâtiment.

Un fronton central rompt la monotonie de la ligne du faîte ; décoré de sculptures élégantes, ce fronton porte à son tympan l’écusson de Bretagne timbré de la couronne ducale. Au-dessus du blason, et surmontant le cintre du fronton, s’élevait en supériorité, dominant tout l’édifice, une croix que le vandalisme républicain renversa en 1792. Des deux côtés de l’écusson de Bretagne, deux figures symboliques, assises, portent les attributs de la Justice et de la Paix : « Justitia et Pax obviaverunt sibi. » Elles semblent placées là pour personnifier les deux vertus principales qui devaient présider au gouvernement de l’abbaye.

Une inscription en majuscules romaines règne au-dessus des baies de l’arcature ouverte à l’étage inférieur de la façade ; cette inscription se compose de lettres colossales, formées par des barres de fer boulonnées dans le mur, où elles tracent le nom de MAGDELAINE De La FAYETTE.