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droits ; elle en avait subi, par force majeure, la suspension, sans perdre aucune occasion d’on revendiquer l’application et d’en solliciter la reconnaissance. Instruite par les épreuves, éclairée par la réflexion, elle en vint à admettre le principe de la réforme et à en adopter l’esprit. Elle avait pu, dans l’origine, se faire illusion et prendre pour de la fermeté de caractère une pente à la rébellion, un amour exagéré de l’indépendance, que voilaient son attachement sincère à d’anciennes coutumes, aux souvenirs de son éducation monastique et des observances connues.

La sagesse et la haute raison du vénérable évêque Yves Mahyeuc ne furent sans doute pas sans influence sur elle pour lui faire comprendre l’opportunité de se soumettre aux admonestations du Chef de l’Église. En échange de son obéissance, ce qui lui semblait une spoliation et une injustice prit fin. Des lettres patentes de François Ier, du 20 janvier 1535, la mirent en possession et réelle jouissance de son abbaye ; ce fut, disent les titres du monastère, à la requête de toutes les religieuses et à leur grand contentement qu’eut lieu cette réintégrande. Reconnue unanimement pour vraie abbesse, Marie de Kermeno assembla son Chapitre abbatial et y fit la distribution des offices claustraux. Christine Toustain fut nommée prieure, avec une pension de 50 ducats ; Jeanne de la Primaudaye reçut aussi une pension, et Jeanne de la Barre fut nommée célérière. Toutes assistèrent à la consécration de l’abbesse réintégrée, cérémonie solennelle à laquelle procéda l’éveque de Rennes le 12 mars 1535[1].

  1. Un acte daté du 20 octobre 1536, conservé dans les titres de l’abbaye, montre Marie de Kermeno assistée de son Chapitre conventuel, où figurent Christine Toustain, Jehanne de la Barre, Jehanne Doré, etc., passant une convention avec missire Jehan Le Large, chapelain du Crucifix, qui cède auxdites dames religieuses, trop étroitement logées depuis l’observance de la clôture par suite de la réformation, certains logis et jardins dépendant de sa