LA MESNAGERIE DE xENOPH©N 131 ' prifonnier fïil eft trouué fur le faiët, SL tué fil vfe de force. Il eft donc bel à voir qu’ils ont ordonné cela, pour faire aux mefchans que le mauuais gain leur foit 35 inutile. Ainfi donc leur mettant deuant les yeux quel- . ques poinêts de ces loix là, & d’autres encores des ordonnances des Roys, ie m’effaye de rendre iuftes mes valets en ce qui paffe par leurs mains: car les loix de Dracon & de Solon ne portent que mal & dommage 40 à ceux qui faillent; & celles des Roys n’endommagent pas feulement les mefchans, mais auantagent encore mdoîâîmm les gents de bien 1 de forte que quand on voit les bons des Roys plus riches que les mauuais, maint-vn de ceux là ailînâîiït mefmes qui font conuoiteux du gain fe maintient en de bm" 45 fon deuoir, & fe garde tant qu’il peut de mal faire. Or, quand ie m’apperçoy qu’aucuns de ceux à qui ie fay du bien lïeffayent neantmoins de me faire tort, des lors ie ceffe de me feruir de ceux là, comme eltant incurables preneurs, & fans remede gaftez d’auarice; 50 &. ceux au contraire que ie voy qui ont enuie d’eftre loyaux, non pas feulement pour ce qu’ils gaignent plus auec moy par ce moyen, mais encore pour autant qu’ils defirent eftre louez & eftimez de moy, des lors i’vfe de ceux là aucunement comme fils eftoient 55 libres, & ne me contente pas feulement de les enrichir, mais encore ie les honore comme preudhommes SZ. gents de bien: car c’eft, à mon aduis, ce qu’il y a à dire du conuoiteux de gain au deîireux d’honneur, que ceftuy~cy, de fon gré, pour la gloire & louange, 60 fwoiïre au trauail &. au danger, & ûabftient du gain deshonneite. Or donc à cette heure, dis-ie lors, que tu a mis en Chap. 22.
�
