Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/239

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LA MESNAGERIE DE- xENo1>HoN 153 riture qu’on face, quand elle profite & f>amende, c’eft lors qu’elle nous refiouit le plus. Or n’y a il rien qu’on voye plus clairement profiter qu’vn lieu qui n’a- 35 guieres eftoit fauuage, ôtmaintenant porte toute forte de fruits : car ie veux bien, ô Socrates, que tu fçaches que i’ai defià fait valoir pluiieurs lieux dix ou douze fois autant qu’ils valoient au commencement, quand ie les prins; & cefte belle inuention, ô Socrates, & 40 tant eftimable, eft bien fi facile à apprendre que main- tenant, me l’ayant ouy dire, tu t’en iras aufîi fçauant que moy pour ce regard, &. Penfeigneras à vn autre fi tu veux. Et mon pere ne Papprint iamais de perfonne, ny ne fe trauailla iamais à la trouuer; mais pour 45 eftre naturellement penible, & afïeétionné à Pagri- _culture, voila qui luy fit dire qu’il n’auoit enuie que d’vn lieu où il euft à. quoy Demployer, & de quoy fe · reüouir en receuant profit, Car fans doubte, ô Socrates, l’homme d’entre tous les Atheniens qui 50 naturellement eftoit plus amoureux de Pagriculture _ 8L plus affectionne, c’eftoit mon pere. Adonc, l’oyant parler en cefte maniere, ie lui demanday : Et, fis-ie, tant de lieux que ton pere fit valoir, les gardoit il tous, ou ûil en vendoit quand il en trouuoit beaucoup 55 d’argent? Il en gardoit, & en vendoit pour vray, dit Ifchomache; mais certes aufïi toit, au lieu de celuy là, il en achetoit vn autre oiüf ·& vacant, tant il aymoit A le trauail & la peine. A bon efcient, ô Ifchomache, dis-ie, tu me parles d’vn homme qui eitoit vrayement 60 de fa nature amoureux de Pagriculture; mais c’eftoit · ny plus ny moins comme les marchands font amou- ` reux des bleds. Car pour les aimer extremement, où 20