Page:La Boétie - Œuvres complètes Bonnefon 1892.djvu/259

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A ceſte cauſe il faut que la femme, en bien viuant, ſe garde & ſ’exempte bien de toutes façons exceſſiues & qui ſentent fa femme commune & ſon cabaret ; & 35 auſſi qu’elle ne ſ’eſtudie pas moins en toutes ces graces honneſtes qui rendent les façons plus aggreables, & plus plaiſante la compaignie de la vie auecques ſon mary, l’accouſtumant à ce qui eſt bon par ce qui eſt plaiſant. Mais ſi, de fortune, la femme eſt de ſa nature 40 rude, & de complexion melancholique & ſolitaire, il faut que le mary le prenne en bonne part ; & comme Phocion dit à Antipatre, qui luy auoit demandé quelque choſe non honneſte : Vous ne pouuez pas vous « Belle reſponſe [d’]ung amy ». ſeruir de moy pour vous eſtre amy, & pour vous eſtre 45 flatteur ; ainſi qu’il face en ſoy meſme ſon eſtat de ſa femme ſage & chaſte : Ie ne puis pas auoir auecques moy vne femme qui tienne tout à vn coup le lieu d’vne femme de bien & d’vne courtiſane.

En Egypte, la couſtume n’eſtoit pas qu’elles portaſſent XXXI. 50 ſouliers, à fin de ne bouger de la maiſon ; & la pluſpart des femmes, ſi on leur oſte le ſoulier doré, les doreures, le calçon, l’eſcarlate & les perles, elles demeurent au logis.

Theanon veſtant ſa robe deſcouurit ſon coude : Voilà XXXII. 55 beau coude, ce dit quelqu’un. Bel eſt il vrayement, dit elle, mais non pas pour demeurer en veuë. Or faut il que non pas ſeulement elle ne monſtre le coude, mais qu’elle craigne meſme de parler, comme ſi en Que la femme doit craindre de parler. parlant elle ſe deſcouurait par le dehors : car en la 60 parole ſe monſtrent les affections, les complexions, & la diſpoſition de l’eſprit de celle qui parle.

Phidie peignit Venus de Lide, marchant du pied ſur XXXIII.