Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/117

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Ainsi l’origine de cette calamité est l’abus des ecclésiastiques et la mauvaise vie et insuffisance des pasteurs, qui était si grande et si notoire qu’elle émut cette querelle, et a servi d’un argument invincible à leurs adversaires ; et de cela en est un témoignage certain, si on veut se ressouvenir où se prit premièrement le feu. Ce fut, je crois, aux indulgences de 1517, pour ce que de ce côté là sans doute l’Église était si tarée, qu’il était impossible de couvrir cette difformité sans trop grande impudence. Or, le mal a toujours crû, et cela pour autant qu’au lieu que le chef de l’Église devait avoir connu le vice et s’aviser de rhabiller promptement ce défaut, ils firent tout le rebours, et au contraire de ceux qui, voyant la flamme allumée, abattent ce qui est près, même s’il est de bois et sujet à brûler. Car au lieu d’être avertis par ce commencement des abus qui était parmi eux, d’ôter celui-là où l’hérésie s’était attaquée et encore les autres, afin de ne lui donner prise sur eux, ils s’opiniâtrèrent sans cause à maintenir ceux-là, attisant le feu par ce moyen et lui donnant alimentation et nourriture ; de sorte que, depuis, s’étant embrasé vivement, il a consommé non seulement ce qui était de ce bâtiment gâté et vicieux, mais encore de celui-là même qui était bon et solide, et bien fondé.