Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/139

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faudrait, ou que la chose demeurât inutile, ou que le Roi y mit la main pour la faire observer à bon escient. Et pourquoi attendra-t-il jusque lors, puisque le mal est à cette heure si pressant et que, toujours ayant crû avec le temps, il serait encore lors plus mal aisé qu’à cette heure.

Mais il y a plusieurs inconvénients à refuser l’intérim. Premièrement, on allègue qu’il n’est pas nouveau qu’en un empire, sous même prince, les sujets vivent paisiblement, alors qu’ils tiennent diverses religions. Sous l’Empire romain, il y avait autant de religions que de nations, et toutefois, à cette occasion, il n’en vint jamais aucun inconvénient mémorable. Encore aujourd’hui le Grand-Seigneur a sous sa main des peuples, non pas seulement de diverses opinions, mais directement contraires, et plusieurs villes d’Allemagne et de Suisse se sont maintenues de notre temps en cette diversité.

Davantage, il ne faut pas croire que l’empereur Charles cinquième étant en même trouble en Allemagne, auquel le Roi se voit maintenant, permit l’intérim de son gré ; mais il prit ce conseil vaincu par les circonstances et obéissant à la nécessité du temps. Et nous en sommes en même désordre [de sorte] qu’il ne faut pas faire difficulté d’accorder ce qu’on ne peut refuser. Et puisque les nouvelles églises sont tant, et de