Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/152

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Ayant ainsi ôté l’abus des images, voilà le lieu pour en partir, et déjà c’est le moyen de remettre le peuple en sa première société, quand le scrupule du site de l’assemblée ne les empêchera plus de converser ensemble ; car sans doute c’est un grand point gagné pour la réconciliation d’amitié, si on peut s’accoutumer à se voir et qu’on ne fuie pas la mutuelle conversation.

Au surplus, ils n’ont en leur église que trois choses : la prédication, la prière et l’administration des sacrements.

Quant aux deux premiers, il est aisé de s’accommoder ; le dernier est plus difficile.

Pour le regard de la prédication, qu’il s’en fasse deux toutes les fêtes : une le matin, auquel le prêcheur pourra librement prêcher de toutes choses, et en prêchant, disputer et débattre, toutefois sans rien avancer sur la doctrine de notre Église ; et à celle-là ceux qui ne peuvent porter d’ouïr parler contre leur opinion ne se trouveront pas, s’ils ne veulent. Aussi est-il croyable que les services accoutumés d’être faits le matin les en garderaient. Mais qu’il y en ait un autre après dîner, lequel je voudrais être fait non par religieux, mais par séculier, comme aussi les canons anciens défendent la prédication aux gens de religion, afin que tous pussent y venir sans scrupule, et qu’il soit défendu à celui-[là] de rien