Page:La Boétie - Discours de la servitude volontaire.djvu/185

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n’en seront encore jetées, il en demeurait assez pour les autres. Qu’il n’eut dit que cette si grande et incroyable douceur de notre souverain eut amolli le cœur des plus barbares et qu’elle était suffisante non seulement à les convier de s’en tenir là et ne passer plus avant, mais encore de reculer plutôt et remettre quelque chose de ce qu’ils avaient usurpé. Incontinent, voici en beaucoup d’endroits, tous les ecclésiastiques, tous ceux de l’Église romaine, privés de toutes leurs cérémonies et réduits à une misérable servitude. Je ne veux rien dire plus avant et me suffit qu’il est aisé de connaître par là qu’à un déraisonnable et insolent demandeur de lui accorder quelque chose ce n’est pas contenter son désir, mais augmenter son audace.

Ils demandent l’intérim et des temples. Mais qui les donnera à ceux de l’Église romaine par toute la Guyenne, où ils sont maintenant en tel état qu’ils n’oseront servir Dieu selon leur religion et celle de leur prince, à peine de perdre la vie ? Les protestants demandent donc au Roi qu’il donne à ceux qui ne sont pas de sa loi ce qu’eux-mêmes ne donnent pas aux lieux où ils ont pouvoir par le droit de la force qu’ils ont usurpée. Mais encore prenons conseil des chefs de leur réformation. Je sais bien qu’il y a grand nombre d’hommes en Angleterre qui,