Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/94

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Dominique pere.

Tenez, recommandez le seulement à Mademoiselle votre fille : voilà tout ce que nous vous demandons.

M. Delomer.

Ma fille n’est plus à marier, dès demain elle entrera au Couvent ; l’avenir seul m’apprendra si elle doit un jour en sortir.

Dominique pere.

Vous auriez la cruauté de la mettre sous la grille, quand on vous dit qu’elle a un amant !… Savez-vous bien que je serais un homme à vous dire des choses dures ? n’êtes-vous pas son pere, comme je le suis de mon fils ? & ce cœur, ce cœur qui nous bat pour un enfant, ne le sentez-vous pas tressaillir pour son bonheur ?… Cloîtrer une si aimable fille, à son âge !… ah ! prenez garde…

M. Delomer.

Vous ne savez point quelles sont mes raisons : sa nécessité contraint la meilleure volonté. Puisqu’il faut vous le dire, je ne suis pas assez riche pour établir ma fille, je ne peux lui rien donner, rien ; c’est la plus exacte vérité, & voilà la vraie cause de cette rupture dont je viens de vous faire part ; vous vous étonnez, vous ouvrez de grands yeux ; mais cela est ainsi.