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NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE

II. IMPRIMÉS.
A. ÉDITIONS ORIGINALES.
a) Les Caractères de Thêophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle.

Imprime en 1687 et mis en vente vers le mois de mars 1688, le lrvre de la Bruyère fut, cette même année 1688, deux fois réédité à Paris, une autre à Bruxelles, une quatrième à Lyon.

Les réimpressions qui furent faites à Lyon de plusieurs des éditions de Paris avaient été l’objet d’un contrat entre Etienne Michallet, libraire parisien de la Bruyère, et un libraire lyonnais, Tbomas Amaulry. De même sans nul doute, Léonard de Bruxelles reproduisit l’œuvre de la Bruyère avec l’agrément de Michallet. Sauf celles de Michallet, de Léonard, d’Amaulry, d’un autre libraire de Lyon, nommé Baritel, qui traita avec le successeur de Michallet, et enfin du libraire parisien David, toutes les éditions des Caractères qui parurent au dix-septième siècle ou dans les premières années du dix-huitième, sont des contrefaçons.

Comme on le verra ci-après, un premier privilège de dix années fut accordé en 1687 pour 1’irupression des Caractères ; en 1693, un nouveau privilège, s’étendant au Discours à P Académie, prolongea de dix années la durée du premier. A l’expiration de ce second privilège, en 1707, J.-B. Delespine, successeur de Michallet, en obtint un nouveau de dix-huit années, qu’il céda en 1702 à Baritel, libraire de Lyon, et en 1714 à David, libraire à Paris. La maison David le fit renouveler en 1724, 1733 et 1744. En 1764 les libraires Hochereau et Panckoucke devinrent les titulaires du privilège des Caractères.

Étudiées avec soin, les éditions originales des Caractères (nous nommons ainsi toutes celles qui furent imprimées du vivant de l’auteur) nous initient, dans certaines pages, au travail de la Bruyère avec autant de précision, pour ainsi dire, que le ferait la lecture d’un manuscrit portant des ratures ou d’épreuves corrigées. La comparaison même de divers exemplaires d’une édition est parfois intéressante : nous remercions de nous l’avoir rendue facile les bibliophiles qui nous ont libéralement ouvert leur bibliothèque, particulièrement M. H. Harrisse, auquel nous devons la communication d’exemplaires précieux et qui nous a souvent assisté, dans nos recherches, de son érudition bibliographique, et M. G. de Villeneuve, dont nous répéterons le nom plus loin.

Les variantes que la Bruyère introduisait, d’une édition à l’autre, dans le texte des Caractères, et les additions par lesquelles, de 1689 à 1694, il entretint la curiosité du public, l’obligeaient à surveiller attentivement chacune des réimpressions de Michallet. Il revisait le texte et le modifiait encore au cours même de l’impression. La correction des épreuves ne lui suffisait pas toujours pour amener sa pensée au point de perfection qu’il cherchait. Nous le voyons une fois interrompre le tirage pour donner à