Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/293

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me jugez pas digne d’aucune réponse ; et je crois même que vous avez raison. Je suppose néanmoins que le livre qui fait mention de César ne soit pas un livre profane, écrit de la main des hommes, qui sont menteurs, trouvé par hasard dans les bibliothèques parmi d’autres manuscrits qui contiennent des histoires vraies ou apocryphes ; qu’au contraire il soit inspiré, saint, divin ; qu’il porte en soi ces caractères ; qu’il se trouve depuis près de deux mille ans dans une société nombreuse qui n’a pas permis qu’on y ait fait pendant tout ce temps la moindre altération, et qui s’est fait une religion de le conserver dans toute son intégrité ; qu’il y ait même un engagement religieux et indispensable d’avoir de la foi pour tous les faits contenus dans ce volume où il est parlé de César et de sa dictature : avouez-le, Lucile, vous douterez alors qu’il y ait eu un César.

23 (IV)

Toute musique n’est pas propre à louer Dieu et à être entendue dans le sanctuaire ; toute philosophie ne parle pas dignement de Dieu, de sa puissance, des principes de ses opérations et de ses mystères : plus cette philosophie est subtile et idéale, plus elle est vaine et inutile pour expliquer des choses qui ne demandent des hommes qu’un sens droit pour être connues jusques à un certain point, et qui au delà sont inexplicables. Vouloir rendre raison de Dieu, de ses perfections, et si j’ose