Page:La Bruyere - Caracteres ed 1696.djvu/118

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où elles liſent des billets tendres, & où perſonne ne voit qu’elles ne prient point Dieu.

36. — Qu’eſt-ce qu’une femme que l’on dirige ? Eſt-ce une femme plus complaiſante pour ſon mari, plus douce pour ſes domeſtiques, plus appliquée à ſa famille & à ſes affaires, plus ardente & plus ſincère pour ſes amis ; qui ſoyt moins eſclave de ſon humeur, moins attachée à ſes intéreſts ; qui aime moins les commoditez de la vie ; je ne dis pas qui faſſe des largeſſes à ſes enfants qui ſont déjà riches, mais qui, opulente elle-meſme & accablée du ſuperflu, leur fourniſſe le néceſſaire, & leur rende au moins la juſtice qu’elle leur doit ; qui ſoyt plus exempte d’amour de ſoy-meſme & d’éloignement pour les autres ; qui ſoyt plus libre de tous attachements humains ? « Non, dites-vous, ce n’eſt rien de toutes ces choſes. » J’inſiſte, & je vous demande : « Qu’eſt-ce donc qu’une femme que l’on dirige ? » Je vous entends, c’eſt une femme qui a un directeur.

37. — Si le confeſſeur & le directeur ne conviennent point ſur une règle de conduite, qui ſera le tiers qu’une femme prendra pour ſur-arbitre ?

38. — Le capital pour une femme n’eſt pas d’avoir un directeur, mais de vivre ſi uniment qu’elle s’en puiſſe paſſer.

39. — Si une femme pouvoit dire à ſon confeſſeur, avec ſes autres faibleſſes, celles qu’elle a pour ſon directeur, & le temps qu’elle perd dans ſon entretien, peut-eſtre luy ſerait-il donné pour pénitence d’y renoncer.

40. — Je voudrais qu’il me fût permis de crier de toute ma force à ces hommes ſaints qui ont été autrefois bleſſez des femmes : « Fuyez les femmes, ne les dirigez