Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cviij
introduction, § xii.

(2769-3981), ce qui donne une moyenne de 46 vers par laisse. La plus courte est la laisse CXLII qui a 21 vers ; vient ensuite CXXXVI avec 24 vers[1]. Les deux plus longues sont CCXI avec 184 vers, et CCIV avec 165. Chaque laisse est terminée, comme chez Guillem de Tudèle, par un vers de six syllabes, ou de sept quand la terminaison est féminine. Mais ce petit vers ne rime pas avec la laisse qui suit : il est reproduit, au moins en substance, dans le premier vers de la laisse suivante, de sorte que ce petit vers forme la fin d’une laisse et le début d’une autre. Cette disposition est celle de la cobla capfinida des Leys d’amors[2]. Elle se retrouve dans la plupart des tirades du poème de G. Anelier sur la guerre de Navarre[3], et est fréquente dans la poésie des troubadours[4]. Il y en a aussi des exemples dans la poésie française[5].

Rimes. — J’ai dit plus haut que les rimes employées par l’auteur de la deuxième partie sont peu nombreuses. Il y en a 29 en tout, dont trois féminines seulement, les unes et les autres des plus communes que puisse fournir la langue. Le poète abuse des ressources presque infinies qu’offrent les finales atz, ens, or, en homme pressé d’écrire et peu soucieux de la forme. Il rime exactement — l’assonance, qui de son temps tombait en désuétude dans le Nord, n’avait jamais été d’un emploi fréquent dans le Midi — mais il se permet bien des licences. Ainsi il altère le nom de l’évêque Folquet en Forquiers, 8469[6] ; il admet à la rime laens

  1. Je ne compte pas CLVII qui a également 24 vers, parce qu’il y a visiblement une lacune après le v. 3976.
  2. I, 280.
  3. Voy. ci-dessus, fin du § VI.
  4. Voy. Bartsch, Iahrbuch f. romanische Literatur, I, 178-80.
  5. Voy. par ex. le dit dont M. Fr. Michel a publié quelques couplets dans la préface de ses Lais inédits.
  6. L’altération des noms propres en vue de la rime n’est pas