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croisade contre les albigeois.

pour tel forfait, ne fut ainsi justicié[1], et pourtant il était de France, et de haute parenté ; cette vengeance eût dû suffire à Giraut. Pour ce cas il se brouilla avec le comte, [950] qui l’honorait fort et avait fait de lui son privé ; [il se brouilla à tel point] qu’il ne le défia ni ne prit de lui congé. Il lui brûla un riche château, mais s’il y avait été pris, dans mon opinion, il l’eût payé cher[2].

Bouchart[3] tenait Saissac qu’on lui avait donné. [955] Un jour, avec cinquante Français il s’arma ; avec ceux de Cabaret il se rencontra ce jour-là, et ces derniers, qui étaient quatre-vingt-dix, tant à cheval qu’à pied, et quatorze archers, les ont environnés et durement frappés et poussés ; [960] mais nos Français vont serrés, les cris et les menaces ne les épouvantent pas, tellement que de part et d’autre il y en eut beaucoup

  1. Cependant en Béarn le meurtrier était enterré sous le cadavre de sa victime ; voy. Du Cange, sepeliri, et Fors de Béarn, éd. Mazure et Hatoulet, p. 121. La même disposition existe dans la coutume de Gourdon.
  2. La réd. en pr. ajoute ici : « Et parce qu’il ne s’était pas contenté de la justice faite par le comte de Montfort sur son homme, le comte Raimon ne voulut pas le recevoir ni accueillir, le laissant faire du mieux, car il ne voulait pas soutenir sa querelle. » — P. de V.-C. (ch. XXVII) ne dit rien du motif de la querelle, mais donne plus de détails sur la lutte qui s’en suivit et notamment sur la prise du château mentionné au v. 952, qui est Puisserguier (Podium Soriguer), canton de Capestang, arr. de Béziers ; cf. aussi le récit de Robert d’Auxerre, Bouquet, XVIII, 277.
  3. Ce personnage, qui paraît plusieurs fois dans l’une et l’autre partie du poëme, mais dont le surnom n’est donné en aucun endroit, ne peut être que Bouchart de Marly, fils de Mathieu de Montmorency. Voy. le P. Anselme, III, 657. On le voit figurer parmi les témoins de plusieurs actes concernant Simon de Montfort (Molinier, Catalogue, nos 45, 101, 105).