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[1210]
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croisade contre les albigeois.

de peur que ces ordures infectassent notre gent étrangère[1].

L.

Quant Minerve fut prise, le comte fort se mit en route, et vint à Pennautier, là haut en Carcassais[2], [1090] et manda à la comtesse de venir l’y rejoindre[3]. Elle y vint promptement, aussitôt, qu’il l’eut mandée. Jamais plus sage femme, que Dieu et Foi me viennent en aide ! ne fut vue en ce monde ni loin ni près. Le comte[4] séjourna là trois jours en l’ost qui était nombreuse. [1095] Au jeudi, de bon matin, il entra en son palais, avec des princes, avec des barons ; et la résolution fut prise d’aller assiéger Termes, là haut en Termenais, un château merveilleux ; mais avant qu’il soit conquis, mainte âme sortira de corps, qui mourra sans confession, [1100] et maint marc et maint tournois seront dépensés au siége, et gagnés y seront chevaux et palefrois et force d’autres richesses et quantité de beaux harnois ; et de part et d’autre celui-là les aura qui n’était pas destiné à les avoir.

  1. La prise de Minerve eut lieu, selon P. de V.-C, « circa festum B. Magdalenæ » (ch. XXXIX ; Bouquet, p. 34 d), qui tombe le 22 juillet.
  2. Actuellement canton de Carcassonne.
  3. P. de V.-C. place l’arrivée de la dame de Montfort bien avant le siége de Minerve, vers le commencement du carême, c’est-à-dire dans la première moitié de mars (Pâques tombant en 1210 le 18 avril) ; selon le même auteur ce ne serait pas à Pennautier, mais à Pézenas, que la comtesse aurait rejoint son époux (ch. XXXIV).
  4. Dans le texte le sujet n’est pas exprimé ; mais je pense, contrairement au sens adopté par Fauriel, que le sujet est le comte et non la comtesse, parce qu’il y a au v. 1095 s’ es mes et non s’es mesa ; cf. aussi le vers 1105.