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croisade contre les albigeois.

veuves. » Il n’y a prélat ou évêque qui ne se récrie. [3400] C’est dans ces termes que [le pape] a octroyé la terre au comte de Montfort. Plus tard, pour cette terre, il a trouvé la mort à Toulouse ; dont le monde resplandit et Parage est sauvé, et, par la foi que je vous dois, don Pelfort[1] s’en réjouit plus que l’évêque Folquet.

  1. Personnage qui figure à diverses reprises dans le poëme, avec le rôle d’un homme d’action et de bon conseil (voy. 7153, 7440, 7491, 7617, 9357). Ce Pelfort, dont le poëte ne nous fait nulle part connaître la qualité ni l’origine, est selon toute vraisemblance le même qu’un certain « Pilusfortis » ou « Pelfort » de Rabastens sur lequel les renseignements ne nous manquent pas. En 1202, il traite au nom de la ville de Rabastens avec Toulouse (Vaissète, III, 115 ; Clos, Recherches sur le régime municipal dans le Midi de la France au moyen-âge, dans les Mémoires présentés à l’Académie des Inscriptions, 2e série, III, 346, et p. 122 du tiré à part). En février 1211 (n. s.), il figure le premier parmi les seigneurs et nobles de Rabastens, dans une transaction, garantie par le comte de Toulouse, entre ceux-ci et les bourgeois de Rabastens (Teulet, Layettes du Trésor, n° 959). En 1234 et 1237 il est témoin ou partie en des actes concernant à la fois Rabastens et le comte de Toulouse (Teulet, nos 1680, 1681, 2483). Pelfort était plus que suspect d’hérésie, comme le montre la déposition suivante, que nous a conservée Doat (t. XXII, fol. 30) : « A. D. M. CC. XLIV., .ij. kal. martii, Peregrina uxor quondam Willelmi Gasc, que fuit domicella uxoris comitis Tholose, sororis regis Aragonum, jurata dixit quod in presencia sua vidit apud Rabastenx matrem d’en Pelfort, domini de Rabastenx, et duas sorores ipsius Pelfort hereticas in domo ipsarum hereticarum, et vidit ibi cum eis dominam Orbriam, uxorem dicti Pelfort, et duas domicellas ipsius Orbrie, de nominibus quarum non recolit ; sed ipsa que loquitur non adoravit nec vidit alias adorantes. Dixit etiam quod fuit ibi per tres dies ; et fuerunt .XL. anni, vel circa. » En 1243 nous trouvons à Rabastens un Jordanus Pilusfortis qui était vraisemblablement son fils (Rossignol, Monographies du Tarn, IV, 255).