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croisade contre les albigeois.

bon fruit cette année-là. Et donc, si je vous perdais ou vous induisais en erreur, je perdrais le fruit et l’arbre et le saint travail (que j’y aurais consacré), et Jésus-Christ me tiendrait pour un trompeur. [5315] Je consentirais volontiers à me laisser manger la chair et le sang[1] par les bêtes et les vautours, pour vous soustraire à toute violence et à toute perte, et pour vous mettre en la grande splendeur où vivent les apôtres et les saints confesseurs. [5320] Et si vous voulez recevoir la lumière spirituelle, je vous montrerai la voie qui vous conduira à la perfection. Je vous demande que vous me donniez le pouvoir, que vous m’accordiez l’honneur de rétablir la paix et l’amour entre vous et le comte ; sans perte d’avoir, de terre, de vie, [5325] et sans crainte, mettez-vous en son pouvoir ; qu’il vous accorde pardon et amour, et tenez-le pour seigneur. S’il était parmi vous aucun homme au cœur mobile, à qui la personne et le gouvernement du comte causât quelque effroi, il peut sans aucune crainte se retirer ailleurs. » [5330] Et ils répondirent : « Sire, par bon amour, parce que nous vous avons pour père et pour gouverneur, nous vous prenons pour garant et pour conseiller. Nous vous en prions au nom de la justice et du Rédempteur, est-ce un bon conseil que vous nous donnez, ou ferions-nous folie en le suivant ? — [5335] Barons, » dit l’évêque, je prends Dieu à témoin, et le corps du saint Sauveur, et les ordres dont je suis revêtu, et l’abbé et le prieur,

  1. Le texte ajoute cette mauvaise cheville : « la force et la vigueur. »