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croisade contre les albigeois.

CLXXXVI.

[6140] En lui donnant la lettre scellée il commence à soupirer, et le comte le regarde, et lui demande : « Ami, dites-moi des nouvelles, comment vont mes affaires ? — Sire, » dit le messager, « elles sont pénibles à conter. — J’ai perdu la ville ? — Oui, sire, sans doute ; [6145] mais avant qu’ils aient le temps de se fortifier et de s’armer, si vous y allez dès ce moment, vous pourrez la recouvrer. — Ami, qui me l’a enlevée ? — Sire, il me semble que pour moi comme pour tout autre, c’est facile à imaginer : j’ai vu l’autre comte y faire son entrée au milieu de la joie de tous, [6150] introduit par les hommes de la ville. — Ami, a-t-il nombreuse compagnie ? — Sire, je ne saurais en faire le compte, mais ceux qui vinrent avant lui ne paraissent pas vous chérir, car les Français qu’ils y trouvèrent ils se mirent aussitôt à les massacrer, et à poursuivre ceux qui s’enfuirent. — [6155] Que font les habitants ? — Sire, de la bonne besogne ; ils font des remparts, des abattis, ils élèvent des échafauds ; autant que je puis croire ils ont l’intention d’assiéger le Château Narbonnais. — Les comtesses y sont-elles[1] ? — Sire, oui, elles

  1. Comtesses by courtesy, tout au plus, sauf l’épouse du comte de Leicester. Avec elle étaient renfermées sa belle-sœur et ses deux brus : « Nobilis autem comitissa, uxor comitis Montis-fortis, et uxores Guidonis fratris sui et Amalrici et Guidonis filiorum ipsius comitis et multi filii et filiæ tam comitis quam fratris sui erant in munitione Tolosæ quæ dicitur Castrum Narbonense. » (Bouq. 109 e.)