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Kouang-Da que l’on invite particulièrement à venir raconter ou réciter les romans populaires au milieu d’un auditoire de famille et d’amis. Le Coréen lisait donc peu ; mais par contre, écoutait avec extase les récits légendaires et fabuleux chantonnés ou psalmodiés harmonieusement par les Kouang-Da. C’est de cette tradition millénaire que sortit la douceur et la fine modulation du langage coréen.

La plupart de ces récits, romans, historiettes sont anonymes et dont les légendes se perdent dans la nuit des temps de l’histoire de la Corée. Quelques-uns ont été écrits par des littérateurs célèbres dont les noms sont parvenus jusqu’à nous : Choe-Chi-Wun écrivait au VIIe siècle les Aventures dans les Monts Koe-Lun (c’est un récit d’aventures mirifiques d’un voyageur coréen aux Monts Koe-Lun en Chine).

Kim-Am écrivit également le récit d’un Voyage au Japon.

Kim-Pou-Sik, l’historien coréen des Trois Royaumes (de Corée), nous laissa un roman historique intitulé : L’Histoire du Long Mur du Nord (c’est la grande muraille de Chine).

Vers le XVe siècle (1450), le fameux bonze Ka-San écrivait le roman merveilleux des Aventures de Hong-Kil-Song ; un autre bonze nommé Ha-Jong écrivait Les Aventures de Kyong-Op.

Au XVIIIe siècle, nous trouvons un romancier coréen du nom de Yi-Mun-Yong dont le genre est tout aristophanesque ; nous lui devons : Les Grenouilles, L’Éloge de la Vertu et de la Droiture, Le Rêve des neuf hommes, Un Rêve au Monastère de Keum-San, Les Aventures de Yi-Ha-Ryong, Le Joyau d’or, L’Histoire d’une femme savante, Les Aventures du Seigneur Lapin, etc., etc.

Le roman coréen est toujours moral : il exhorte à la piété filiale, au bien, au bon et au beau ! La Ki-Sang ou danseuse (un peu la Geisha du Japon, mais d’une moralité bien différente et supérieure) en est souvent l’héroïne.

Deux romans coréens des plus populaires : Printemps parfumé et Le Bois sec refleuri ont été traduits en français par un de nos lettrés coréens qui vint le premier en France : Hong-Tjyong-Ou.

Printemps parfumé est célèbre dans toute la Corée : Tchoun-Hyang est un roman national. J.-H. Rosny, le fin littérateur français qui le traduisit — avec l’aide de Hong-Tjyong-Ou en 1892, a su rendre toute la beauté et toute la saveur du style. Tchoun-Hyang et I-Toreng, les deux héros coréens du roman ont été décrits d’une façon frappante de justesse et dans une poésie que seul, J.-H. Rosny pouvait atteindre. C’est un roman sain, vertueux, noble et moral, il peut paraître un peu puéril aux yeux de certains occidentaux habitués aux fortes intrigues des romans de leurs pays, mais ici :

« Toute l’idylle respire la bonté ; l’héroïne est parfaite. Elle aime de Neon le plus dévoué, mais elle trouve la force de maintenir I-Toreng dans le devoir.

« En songeant tout le temps à notre amour, vous n’étudierez pas, dit-elle, vous ne serez pas assez instruit, vous rendrez le peuple malheureux, vos parents seront attristés et, de plus, vos visites trop fréquentes auprès de moi, affaibliront votre corps. »

Les premières années du mariage coréen s’écoulent très souvent dans la chasteté. Le jeune mari conquiert sa femme en même temps que ses Stades, et son amour sert ses études. Car, le mari étant encore étudiant,