Page:La Corée Libre, numéro 4 et 5, août-septembre 1920.djvu/16

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On n’a pas oublié les méthodes d’assimilation des aborigènes de Formose inaugurées par le marquis Ito.

Dès 1896, c’est-à-dire après la cession de Formose par la Chine au japon, à la suite du Traité de Shimonoseki de 1895, le marquis Ito entreprit de faire disparaître les indigènes de Formose pour les remplacer par des colons nippons ; il espérait transformer cette grande île des mers du Sud comme il avait réussi aux Liou-Kiou. Mais il se heurta aux « Chasseurs de Têtes » autochtones montagnards de cette île. La méthode de Ito était simple : les troupes japonaises faisaient une battue générale de l’Île par ses deux extrémités ; elles rabattaient les Formosans vers le centre, sur les points où elles avaient tendu des fils de fer reliés à de hauts courants électriques et lorsque les indigènes en approchaient, ils étaient électrocutés. L’opinion mondiale s’en est fortement alarmée vers 1897 et 1898, au point que les Nippons durent renoncer à leur méthode d’assimilation. C’est ce même Ito, alors Gouverneur de la Corée pendant le protectorat japonais qui fut tué par un patriote coréen. Sa mort fut déplorée au Japon comme celle d’un grand civilisateur !

VIII. — LES JAPONAIS FONT LE TRAFIC DE L’OPIUM À TSING-TAO

Le Gouvernement chinois avait sagement interdit l’opium sur son territoire en 1907, et l’Angleterre s’était engagée à ne plus envoyer l’opium de l’Inde vers la Chine en en diminuant progressivement l’exportation sur une période de dix ans jusqu’à suppression totale en 1917. Plusieurs Conférences Internationales anti-opium se sont réunies et d’importantes dispositions avaient été prises à la Conférence de La Haye.

Les Japonais n’en ont cure. Ils ont immédiatement inondé toute la Chine de morphine et de seringues de Pravaz dont les usines d’Osaka (Japon), qui occupent plusieurs milliers d’ouvriers à cette fabrication, sont devenues les premières du monde.

La Chine a réglementé la culture du pavot ; le Japon en a propagé la culture en Corée où elle est la source la plus claire de ses revenus.

Le Journal Chinois Hebdomadaire (28 août 1920) nous apprend qu’un nommé Liou-Tse-Chan, homme de paille des nippons, vient d’obtenir du Gouvernement japonais le renouvellement du monopole de l’opium à Tsing-Tao (Kiao-Tchéou au Chan-Tong). Une contrebande effrenée de l’opium se fait dans ce port sous l’œil complice du Japon. Ce monopole rapporterait annuellement à Liou le joli bénéfice de 70.000 dollars ; on ne nous donne pas le chiffre que cela rapporte aux Japonais ! Mais ce trafic est certainement une des bonnes et nombreuses raisons pour lesquelles le Japon ne rendra ni le Chan-Tong, ni Kiao-Tchéou à la Chine.