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Ce fut une occasion unique pour le Japon, non seulement de pouvoir réaliser le programme « Yoshida », mais aussi de l’étendre de telle façon que la maîtrise japonaise en Asie Orientale devint indiscutable. Toutes les Nations intéressées, à l’exception des Etats-Unis, pouvant intervenir, étaient engagées dans une lutte formidable pour leur propre existence. Elles devaient donc courtiser le Japon, et le Japon le savait. C’était le moment favorable pour lui d’obtenir des « concessions » de la part du faible et des accords avantageux de la part du puissant. Après que la Chine eut satisfait aux « 21 Demandes », l’Empire de Russie et le Japon signèrent un Traité en juillet 1916.

Par ce, traité, les H. P. C s’engageaient réciproquement à ne pas conclure de traité l’une contre l’autre ; les H.P.C. s’engageaient mutuellement à se porter aide en cas de menace dans leurs droits territoriaux ou tout autre intérêt en Extrême-Orient. L’objet de cette convention est, dit le traité : « Le maintien de la paix en Extrême-Asie ».

Ce traité fut soumis à l’appréciation du Gouvernement britannique et publié ensuite dans la presse mondiale La Grande-Bretagne et le monde étaient dupés une fois de plus ; les stipulations insignifiantes de ce traité furent seules publiées ; les clauses vitales furent consignées dans un traité secret, signé par les deux H.P.C. le 3 juillet 1916, qui ne fut connu que par la publication que donna l’Isvestia en 1918. Cette convention secrète contenait six articles ; d’après son esprit, elle se réfère à d’autres conventions secrètes conclues successivement le 30 juillet 1907, le 4 juillet 1910 et le 8 juillet 1912, toutes inconnues du public durant ces années. La dernière avait une validité de six années et devait être maintenue strictement secrète.

Les trois points principaux qui différencient le traité officiellement. communiqué de celui qui fut conclu secrètement sont :

1. — Dans le traité publié on ne stipulait que sur l’Extrême-Orient. d’une façon générale, alors que dans l’accord secret tous les points portaient directement contre la Chine.

2. — Le maintien d’une paix durable était le seul objet du traité rendu public, mais le traité secret relatait de la défense des intérêts vitaux de la Russie et du Japon contre toute puissance tierce qui tenterait de se procurer des avantages politiques en Chine.

3. — Enfin, d’après les clauses du traité officiel, les H.P.C. devaient éventuellement se consulter sur les mesures à prendre pour la garantie de cette paix ; tandis que dans l’accord secret, il y avait alliance étroite et coopération militaire entre la Russie et le Japon afin de sauvegarder leurs intérêts respectifs en Chine.

Après s’être ainsi garanti une aide militaire afin de sauvegarder ce qui avait été arraché à la Chine sans défense, il était nécessaire alors pour le Japon d’obtenir une assurance formelle de la part des autres puissances intéressées. Un rapport secret de M. Krupensky, ambassadeur de Russie auprès de la cour du Mikado, révèle ce désir et le but réel de la guerre contre l’Allemagne. L’Ambassadeur écrivait le 8 février 1917 :

« …Le Ministre (Vicomte Motono) m’assure qu’il doit compter avec l’opinion publique du Japon, et qu’il doit en même temps garantir et sauvegarder la position de son pays à la prochaine conférence de la paix, au cas où la Chine y serait admise, de s’assurer l’appui des Alliés pour la réalisation des visées du Japon en ce qui concerne le Chan-Tong et les Îles du Pacifique situées au nord de l’Équateur et actuellement occupées par les Japonais. Motono me dit aussi que le Gouvernement japonais considérerait avec beaucoup de satisfaction que le Gouvernement impérial Russe veuille bien donner directement la promesse de son appui, afin de pousser plus avant la question si importante de la rupture entre la Chine et l’Allemagne (le Japon avait promis en retour de faire pression sur le gouvernement de Pékin dans cette voie). Je crois qu’il serait très désirable de donner aux