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Japonais la promesse souhaitée, d’autant plus que les relations entre la Grande-Bretagne et le Japon permettent de prédire que les réclamations du Japon ne souffriront aucune opposition de la part du Gouvernement anglais ».

Si la Chine demeurait neutre, elle ne pouvait avoir aucune voix à la Conférence de la Paix, où le sort d’une de ses plus belles provinces, représentant le quart de la France avec une population de plus de 40 millions d’individus, allait être décidé. Le Japon fit tous ses efforts pour empêcher la Chine d’intervenir contre l’Allemagne. Lorsque la Chine offrit de prendre part à l’expédition anglo-japonaise contre Tsing-Tao, la réponse reçue du gouvernement anglais fut : « L’intervention chinoise et sa participation aux évènements pourraient créer des difficultés avec une tierce puissance », c’est-à-dire le Japon. En novembre 1915, le gouvernement chinois renouvela son offre de prendre part à l’expédition, le Japon refusa. Après la chute de Tsing-Tao, des signes semblèrent indiquer que les alliés étaient favorables à une intervention de la Chine ; le Japon comprit que tôt ou tard la Chine se joindrait aux Alliés. Il profita rapidement de l’opportunité pour acheter l’appui de la Russie à la prochaine Conférence de la Paix avec la promesse de faire pression sur le Gouvernement pékinois de déclarer la guerre à l’Allemagne. Il en résulta que la Chine ne déclara la guerre que pour appuyer seulement la cession de sa province la plus sacrée au Japon ! C’est inutilement que la Chine fit appel à la justice de la Conférence de la Paix : les Alliés avaient déjà « conspiré contre la Chine » comme le disait le Sénateur Lodge, afin de partager le territoire « non d’un ennemi, mais d’une nation amie ». La Grande-Bretagne et le Japon étaient arrivés à un accord spécial concernant la répartition de certaines îles du Pacifique et du Chan-Tong, comme le déclara aussi Mr. Lansing devant la Commission Sénatoriale des Affaires Étrangères.

Malgré qu’ayant obtenu l’appui des Alliés européens, le Japon était apparemment désireux d’obtenir celui des Etats-Unis. Heureusement pour le Japon, les Etats-Unis s’étant joints à la lutte contre la Germanie, il put ainsi approcher le Gouvernement de Washington ; il en résulta l’accord Lansing-Ishii sous la forme d’un échange de notes, le 2 novembre 1917. Mais Ishii, comme Lansing en fit part également à la Commission sénatoriale « alors ambassadeur à Washington en 1917, ne me fit jamais connaître l’existence de traités secrets entre le Japon et les Alliés au sujet de la répartition des territoires chinois pris aux Allemands. Il me fit simplement savoir qu’il avait donné l’assurance à Lord Grey que le Japon rendrait Kiao-Tchéou à la Chine. Même M. Balfour (comme Ministre des Affaires Étrangères) au moment où il se trouvait en mission aux Etats-Unis, ne fit aucune mention de ce traité secret ».

L’accord Lansing-Ishii était donc établi sur des bases instables. Dans cette convention les deux gouvernements assuraient une fois de plus l’intégrité territoriale de la Chine : ils déclaraient qu’ils ne laisseraient jamais violer en aucune façon l’indépendance et l’intégrité de la Chine ; qu’ils adhéreraient toujours aux principes de la porte ouverte et ne reconnaîtraient jamais les avantages commerciaux des autres puissances dans leur traité avec la Chine. Ils déclarèrent, en outre, que jamais un de leurs gouvernements n’acquerra des droits ou des privilèges en Chine pouvant léser l’indépendance ou l’intégrité territoriale de cette dernière, on qui pourrait créer une situation inférieure, au point de vue commercial et industriel aux sujets de l’une ou l’autre nation. Suivent les clauses qui ont été si fortement discutées « Les Etats-Unis reconnaissent que la proximité des territoires crée des relations spéciales entre les nations et que, par conséquent, le Japon possède des droits spéciaux en Chine, notamment dans les parties de la Chine contiguës aux possessions japonaises » ?

Une autre dépêche secrète de l’Ambassadeur russe à Tokio, datée du 22 octobre 1917, jette quelques lumières sur ce point :

« Si, comme il semble d’après la dépêche No 598 de Bakhmetyeft (Ambassadeur de Russie à Washington), les Etats-Unis considèrent que la reconnaissance de la situation spéciale du Japon en Chine est pratiquement dénuée de conséquences, une même opinion de notre part provoquera iné-