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Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/93

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AC — 69 — AC


Acointance,

subst. fem. Abord, accès. Familiarité. Amitié, liaison. Alliance, affinité.

Le premier sens est le sens propre. On disoit de quelqu'un facile à approcher, de facile abord, qu'il étoit " accointable, de facile accointance. " (Monet, Dict. - Voy. ACOINTEMENT.)

Quelquefois ce mot seul exprimoit l'idée d'affabilité, qualité de celui qu'il est facile d'approcher. (Oeuvres poët. de Mellin de St Gelais, p. 49.)

Un abord facile et gracieux inspire la confiance et mène quelquefois à la familiarité. Il fait naître aussi presque toujours le désir d'être amis. De là, le mot accointance pour habitude, familiarité, communication. (Voy. Monet, Nicot, Oudin, Dict. - Gloss. de Marot. - Sagesse de Charron, p. 483, etc.) Nous le disons encore familièrement en ce sens.

Pour amitié, liaison, soit de tendresse, soit de politique ; ainsi l'on disoit d'un amant : " fort en son cueur la print à aimer, desirant son accointance. " (Ger. de Nevers, part. I, p. 47.)

L'on appeloit légats d'acointance, des Ambassadeurs, dont la mission n'avoit d'autre motif que le désir d'entretenir l'amitié et la bonne intelligence entre deux Souverains. " Promis leur avoit de leur envoyer légatz d'acointance. " (Triomph. des neuf Preux, p. 329.)

C'est en étendant un peu cette même acception, que l'on a dit aussi :

.... par quel acointance Vous partirez au Dieu Reaume.

Fabl. MS. du R. n° 7615, T. I, fol. 59, V° col. 1,

C'est-à-dire, par quelle intelligence aurez-vous part, etc.

De l'acception générale de liaison, ce mot a passé à l'acception particulière de liaison par les mariages. " Il y avoit entr'eux acointance, que on appelle affinité de par leurs femmes. " (Chron. St Denys, T. I, fol. 263, R°.)

Le Duc de Bretaigne de suitte, Pour tousjours croistre l'acointance, Espousa Dame Marguerite, etc.

Vigil. de Charles VII, Part. 1, p. 6 et 7.

VARIANTES :

ACOINTANCE. Gloss. du Rom. de la Rose.

ACCOINTANCE. Sagesse de Charron, p. 341. - Gloss. de Marot, etc.

ACOINTISE. Dits de Baudoin de Condé, MS. de Gaignat, fol. 314, V° col. 3.

Acointe,

subst. fém. Plaisir, agrément.

On a dit Acoint, pour orné, paré. De là ce mot employé au féminin comme substantif, pour signifier le plaisir particulier que procure la parure et le luxe. " Une Comtesse morte qui avoit eu fort son acointe en sa vie, damnée pour l'aournement de son corps qu'elle a trop aismé. " (Doctrin. de Sapience, fol. 18, R°.)

Acointé,

participe et adjectif. Familier. Amant. Parent, allié.

Comme adjectif, en employoit ce mot pour familier. (Gerard de Nevers, ubi suprà.)

Comme participe passif, employé substantivement, on disoit accointé pour amant. " Apollo envieux de l'honneur de Vénus et pour causer despit et stomachation à elle et à Mars son accointé.... feit signe de la main pour obtenir silence. " (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. I, p. 112 et 113.)

Enfin il signifioit aussi parent, allié. (Chron. St Denys, T. I, fol. 202, R°.) Allié, joint d'intérêt dans ce passage, en 1387 : " Les Anglois escrivirent au Duc de Bretagne, comme à leur accointé, qu'il les voulust aider. " (Juven. des Urs. Hist. de Charles VI, p. 61. - Voy. ACOINT ci-dessus.)

VARIANTES :

ACOINTÉ. Chron. St Denys, T. I, fol. 202, R°.

ACCOINTÉ. Ger. de Nevers, Part. I, p. 11. note de l'Éditeur.

Acointement,

subst. masc. Abord, accès. Familiarité, fréquentation. Insinuation.

D'acointer, on a fait acointement pour abord, accès, facile accès. (Voy. ACOINTANCE.)

Au comenchier vos trovai De si bel acointement.

Thomas Herier, Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. III, p. 1101.

De là l'idée accessoire de familiarité, que ce mot exprime dans ce vers :

.... nus amender Ne peut de lor acointement.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 205, R° col. 1.

(Voy. ACOIN et ACOINTANCE ci-dessus.)

C'est encore par extension du sens propre, facile accès, qu'on a dit Acointement pour Insinuation, en parlant du pouvoir de l'argent :

Denier va par acointement. C'est Dans Denier qui tout sorprent ; Il est li feus qui tout esprent.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 167 R° col. 2.

VARIANTES :

ACOINTEMENT. Gautiers d'Argus, Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. III, p. 1138. - Gloss. du Rom. de la Rose.

ACCOINTEMENT. Cotr. Dict.

ACQUOINTEMENT. Modus et Racio, MS. fol. 270, R°

Acointément,

adv. Gracieusement.

En biau parler, et acointément rire.

Fauchet, Lang. et Poës. fr. p. 120.

(Voy. COINTÉMENT ci-après.)

Acointer,

verbe. Approcher, aborder. Faire connoissance, se familiariser. Avoir commerce. Associer. Faire part, communiquer. Se battre. Apercevoir. Parer, orner. Arranger, disposer.

Sans vouloir fixer l'étymologie de ce mot, nous observerons que Ménage a cru l'avoir trouvée dans le latin adcomitare, accompagner ; qu'on pourroit la chercher encore dans adcognitare, se joindre. (Du Cange Gloss. Lat. au mot Acunydare) ; enfin que la signification d'Acointer, approcher, a beau-

(1) Dom denier, Seigneur argent.