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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/78

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dans cette ville pour conducteur jusqu’à Vienne le curé de Valois du diocèse de Nancy, à qui mon frère avait la plus grande confiance. Ne pouvoir accompagner mes filles dans leur long voyage me parut comme de raison une chose affreuse. Pourquoi ne pas m’envoyer aussi des passeports ? Cette séparation me coûta beaucoup. L’avantage que mes enfants pouvaient en tirer, l’assurance d’une excellente éducation pour elles fut un motif bien puissant et me décida à accepter ; mais il fallut un effort surnaturel pour mon pauvre cœur. Je n’avais jamais quitté ces enfants je les aimais passionnément ; une dix ans, l’autre neuf, et dans cet âge il fallait les abandonner à elles-mêmes pendant un long voyage et dans une saison rigoureuse. Que de sujets d’inquiétude ! que de murmures de ne pouvoir obtenir de les accompagner jusqu’à Vienne ! J’écrivis à la baronne de Vrintz. Je ne la connaissais pas, mais ma lettre lui inspira un véritable intérêt pour moi. Son âme sensible lui faisait sentir toute l’amertume de ma position. Elle me répondit avec tout le feu du sentiment, me mandait que j’aurais les deux places, qu’elle donnerait pour conducteur de la diligence un ancien domestique de sa maison, dont elle répondait comme d’elle-même, qu’elle me demandait en grâce d’être