Page:La Femme grenadier.djvu/153

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mon frère, qui possédait seul alors toutes mes affections. Je vous ai connu, Lavalé, et tout mon être changea ; vous me fîtes abjurer les préjugés de mon enfance ; long-tems j’ai combattu avec l’orgueil, vous l’avez emporté sur lui. L’honnête M. Durand m’a tout à fait dessillé les yeux : je me suis dit en abjurant mon erreur ! Les sentimens nobles et délicats ne sont pas tous concentrés dans la caste où je suis née ; je les ai rencontrés au dernier dégré, dans les amis que le sort m’a donné. Mon frère, qui avait découvert mes sentimens, me fit promettre, avant de me quitter, que je ne formerais aucun engagement qu’en sa présence ; et que, si le sort des combats terminait sa carrière, je garderais mon serment jusqu’à ce que j’eusse la preuve incontestable qu’il n’existait plus. Un voile impé-