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valeur, un esprit transcendant. Les quelques personnalités qui ont dépassé de peu le niveau ordinaire étaient de souche européenne, ou croisés, ou kabyles. Il y a bien là vraiment de quoi désespérer de tirer jamais ce peuple de sa barbarie et de son ignorance.

Nous allons raconter ici l’histoire d’un jeune élève indigène, envoyé à Paris aux frais d’un de nos départements.

Ce jeune meslem avait de très bonne heure, donné les plus belles espérances. Placé au Lycée, aux frais d’un budget départemental, comme il est dit plus haut, il fut un moment l’orgueil et l’espoir de l’établissement ; toujours le premier de sa classe : c’était un brillant élève dans toute l’acception du mot. En outre, doué d’un joli visage, d’une physionomie avenante, il plaisait à première vue ; aussi, était-il l’objet des soins particuliers du proviseur et de ses maîtres.

Il atteignit ainsi l’âge de 17 ans. À ce moment, un voile parut couvrir son cerveau ; les progrès se ralentirent puis devinrent absolument nuls. Tous les efforts tentés pour lui faire aborder les premières difficultés furent infructueux ; on dut y renoncer. Le feu de paille s’était éteint !

Ne voulant pas en avoir le démenti et convaincus que le changement de vie, d’habitudes de milieu, amènerait une modification, réveillerait l’intelligence