Page:La Fin d'une légende, ou la Vérité sur l'Arabe, par un vieil Algérien (1892).pdf/17

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de ce jeune et charmant cancre, ses professeurs obtinrent qu’il serait envoyé à Paris pour y faire son droit.

Comme il n’avait aucune fortune, on se cotisa, on donna même une fête, une tombola fut organisée à son bénéfice. La commune, le département fournirent quelques subsides ; on lui monta une garde-robe, puis il partit chargé des souhaits de ses maîtres et de ses camarades. C’est ici que nous retrouvons l’arabe, l’homme primitif, ne comprenant rien à nos mœurs, us et coutumes, n’ayant aucun noble sentiment, aucune de ces exaltations si françaises qui font les héros et les propagateurs de toutes les idées nobles et généreuses.

Notre jeune musulman, qui était bon, tout au plus à cirer des bottes ou à porter des paquets, débarqua à Marseille. Il descendit dans un hôtel borgne et, le même jour, visita tous les lieux de débauche et de prostitution. Il continua cette existence de joueur, noceur, débauché tant qu’il eut un sou — (la générosité française avait bien fait les choses) — Réduit enfin aux expédients et ayant eu quelques démêlés avec dame police, il songea qu’il était temps de rejoindre la capitale.

Il vendit une partie de ses vêtements, logea le reste dans un mouchoir, sur son épaule, et, comme un vulgaire ouvrier sans travail, se mit en route pour Paris. Il fit ainsi tout le trajet, ayant préparé