Page:La Fin d'une légende, ou la Vérité sur l'Arabe, par un vieil Algérien (1892).pdf/18

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une histoire de brigands et de malheurs à lui survenus qu’il racontait à tous les gites d’étape au maire de l’endroit lequel (les trois quarts du temps) n’ayant jamais vu d’arabe, le recevait à bras ouverts et le choyait de son mieux ; plusieurs même lui remirent des sommes assez importantes qui auraient pu lui permettre de prendre le premier train. Mais la vie nomade facile et aventureuse lui paraissait préférable. La badauderie n’était-elle pas là pour pourvoir à ses besoins. Il mit donc deux mois pour se rendre à Paris.

Depuis son départ le Lycée était dans le marasme et s’adressait partout afin de savoir ce que le quidam était devenu.

Les recherches allaient être abandonnées, on le croyait mort, disparu, quand tout à coup, on apprit son arrivée dans la capitale. Inutile d’ajouter qu’il avait eu le temps d’inventer une nouvelle histoire. Il avait, disait-il, été enlevé par une marquise séquestré dans un château, etc., etc. Un vrai conte des mille et une nuits créé tout d’une pièce dans le cerveau de cet oriental menteur.

A Paris, bienheureuse ville où la badauderie a atteint la hauteur d’une institution, il fut installé dans une chambre modeste. On crut, ou on fit semblant de croire à son histoire puis on lui remit quelque argent. Le doux souvenir des beaux jours de Marseille le hantaient, il reprit cette douce