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FABLES CHOISIES.

C’est mon sang ; tout est plein déja de ses Autels.
Afin de mériter le rang des immortels,
Il faut qu’il sçache tout. Le maistre du Tonnerre
Eut à peine achevé que chacun applaudit.
Pour sçavoir tout, l’enfant n’avoit que trop d’esprit.
Je veux, dit le Dieu de la guerre,
Luy monstrer moy-mesme cét art
Par qui maints Héros ont eu part
Aux honneurs de l’Olimpe, et grossi cét empire.
Je seray son maistre de lyre,
Dit le blond et docte Apollon.
Et moy, reprit Hercule à la peau de Lion,
Son maistre à surmonter les vices,
A dompter les transports, monstres empoisonneurs,
Comme Hydres renaissans sans cesse dans les cœurs.
Ennemi des molles délices,
Il apprendra de moy les sentiers peu battus
Qui meinent aux honneurs sur les pas des vertus.
Quand ce vint au Dieu de Cythere,
Il dit qu’il luy monstreroit tout.
L’Amour avoit raison : dequoy ne vient à bout
L’esprit joint au desir de plaire ?




III.
LE FERMIER, LE CHIEN,
ET LE RENARD.



Le Loup et le Renard sont d’étranges voisins :
Je ne bastiray point autour de leur demeure.
Ce dernier guetoit à toute heure
Les poules d’un Fermier ; et quoy que des plus fins,
Il n’avoit pû donner d’atteinte à la volaille,
D’une part l’appetit, de l’autre le danger.