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Page:La Fontaine - Œuvres complètes - Tome 1.djvu/331

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LIVRE ONZIÉME.

Et succédant à sa misere
Par le mesme chemin ne le tiroit d’affaire ?
Deux jours s’estoient passez sans qu’aucun vinst au puits ;
Le temps qui toûjours marche avoit pendant deux nuits
Echancré selon l’ordinaire
De l’astre au front d’argent la face circulaire.
Sire Renard estoit desesperé.
Compere Loup, le gosier alteré,
Passe par là : l’autre dit, Camarade,
Je vous veux régaler ; voyez-vous cét objet ?
C’est un fromage exquis. Le Dieu Faune l’a fait,
La vache Io donna le laict.
Jupiter, s’il estoit malade,
Reprendroit l’appetit en tastant d’un tel mets.
J’en ay mangé cette échancrure,
Le reste vous sera suffisante pasture.
Descendez dans un sceau que j’ay là mis exprès.
Bien qu’au moins mal qu’il pust il ajustast l’histoire,
Le Loup fut un sot de le croire ;
Il descend, et son poids emportant l’autre part,
Reguinde en haut maistre Renard.
Ne nous en mocquons point ; nous nous laissons seduire
Sur aussi peu de fondement ;
Et chacun croit fort aisément
Ce qu’il craint, et ce qu’il desire.




VII.
LE PAISAN DU DANUBE.



Il ne faut point juger des gens sur l’apparence,
Le conseil en est bon ; mais il n’est pas nouveau :
Jadis l’erreur du Souriceau