Page:La Fontaine - Fables, Bernardin-Bechet, 1874.djvu/140

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Cela n’est pas bien malaisé.
Dans cette admirable pensée,
Voyant son maître en joie, il s’en vient lourdement,
Lève une corne toute usée,
La lui porte au menton fort amoureusement,
Non sans accompagner, pour plus grand ornement,
De son chant gracieux cette action hardie.
Oh ! oh ! quelle caresse ! et quelle mélodie !
Dit le maître aussitôt. Holà, Martin-bâton !
Martin-bâton accourt : l’âne change de ton.
Ainsi finit la comédie.


VI

LE COMBAT DES RATS ET DES BELETTES

La nation des belettes,
Non plus que celle des chats,
Ne veut aucun bien aux rats ;
Et sans les portes étraites[1]
De leurs habitations,
L’animal à longue échine
En ferait, je m’imagine,
De grandes destructions.
Or, une certaine année
Qu’il en était à foison,
Leur roi, nommé Ratapon,
Mit en campagne une armée.
Les belettes, de leur part,
Déployèrent l’étendard.
Si l’on croit la renommée,

  1. Étroites.