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LE COLLECTIVISME

partage renouvelé du sol ; elle a connu la propriété féodale avec les droits de primogéniture et de masculinité.

Et voilà que la propriété est devenue un droit absolu d’user et d’abuser et un brocard est cité, tronqué et faussé : jus utendi et abutendi, mais, ajoutait sagement le légiste antique, quatinus jus patetur.

Déjà, pourtant, les esprits les plus rétrogrades se décident à réfléchir et la théorie du pouvoir éminent de la collectivité a été formulée. Des pères de l’église chrétienne reviennent aux principes primitifs de la primitive église. Une limitation des droits du propriétaire est admise et affirmée. La nationalisation du sol trouve des défenseurs dans les rangs des conservateurs les plus arriérés.

Ce sont là des signes et des tendances sans réplique. Tout change, la propriété comme les autres institutions humaines, et c’est vers une prise de possession de la terre par la collectivité que s’oriente l’évolution contemporaine.

Le domaine collectif s’étend et l’expropriation pour cause d’utilité publique est la preuve tangible qu’un principe nouveau s’impose aux hommes malgré eux.

Au surplus, cette destruction de la propriété est une pure utopie.

Lorsque les principales et essentielles richesses mondiales appartiendront à la collectivité humaine, elle ne les détiendra pas moins à titre de propriétaire.