Page:La Fontaine - Le Collectivisme, Tome II, c1901.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
LE COLLECTIVISME

La famille a, d’autre part, un but social à poursuivre. Elle est la cellule comme la collectivité est l’organisme. C’est ainsi que l’on peut affirmer que la famille est la base de la société et qu’elle en est le microcosme.

Mais si ce fait est évident et s’il n’est discuté par personne, la controverse est ardente et passionnée dès que l’on se demande si la famille remplit effectivement, dans la situation actuelle des choses, le but social qui lui est dévolu.

Or, nous affirmons que la famille contemporaine, utilitaire et égoïste, est devenue une cause de désagrégation et de discorde.

Depuis que la lutte pour la vie a été érigée en règle absolue et fatale, chaque famille combat contre toutes les autres familles, pour la primauté et la prépondérance.

Fatalement, la seule préoccupation des pères et des mères se limite au placement et au classement avantageux de leur progéniture.

L’esprit d’intrigue dont on se plaint, l’incompétence notoire et reconnue de telles individualités, hissées en telles ou telles fonctions, par l’influence de personnalités ouvertement désignées, la nécessité pour le dernier des manœuvres de se faire recommander, malgré tous ses mérites, pour obtenir la moindre place de terrassier ou de journalier, sont autant de signes tangibles d’une mésintelligence chronique entre les familles qui forment les unités ethniques ou nationales.

Un organisme social est, comme un organisme individuel, voué à une mort prochaine et inévitable, dès que les cellules qui le constituent s’in-