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LE COLLECTIVISME

semblera à nos neveux et à nos fils aussi calme que le rampement visqueux d’une limace ou d’un ver de terre.

Et voilà comment le collectivisme veut supprimer la famille ! Il veut en faire un organe altruiste d’un organisme tout imbu d’altruisme.

C’est avec une déloyauté non moins grande qu’on accuse les collectivistes de nourrir à l’égard de la religion un irréductible antagonisme.

C’est là une erreur manifeste, contre laquelle ont protesté tous les hommes qui se réclament du collectivisme.

Il importe, il est vrai, de distinguer entre la religion et les religions. Autant ces dernières ont été et sont encore néfastes, à raison des compétitions et des animosités qu’elles suscitent, autant la religion, comprise d’une manière rationnelle, est conciliable avec les conceptions socialistes les plus hardies.

On sait, en effet, que des collectivistes convaincus, les adeptes du socialisme rationnel, exposé et défendu par Colins avec une abnégation et une ténacité dignes du plus sérieux respect, soutiennent que les théories socialistes ne peuvent s’appuyer que sur une base religieuse.

Certes, il ne s’agit pas en l’occurrence de dogmes bizarres, de miracles et de culte, il ne s’agit d’aucune intervention, ni d’aucune autorité providentielle ; il s’agit tout simplement de savoir si la vie de chaque homme sur cette terre est unique, si elle n’est pas une vie placée entre des vies vécues et des vies futures.