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LE COLLECTIVISME

Ce luxe n’existera plus en régime collectiviste parce qu’il n’existera plus un seul homme, et surtout une seule femme qui consente à jouir d’une jouissance achetée au prix d’une douleur.

Nul ne voudra qu’un objet de joie pour lui ait été un objet de peine pour autrui.

Et telle sera la règle, simple et claire, qui permettra de distinguer le luxe légitime du luxe coupable.

Mais si tout ce luxe stupide et insolent des brocarts et des bijoux sera à jamais banni et méprisé, il est un luxe dont l’humanité sera prodigue et à la réalisation duquel elle consacrera de constants et de grandioses efforts ; c’est le luxe intellectuel.

Il faudra que tous les cerveaux soient ornés de mille souvenirs, de mille émotions, il faudra que toutes les conversations soient intéressantes et que les hommes aient un désir permanent de frayer avec les hommes ; il faudra que sous toutes les latitudes, toutes les langues soient parlées et que les œuvres des génies deviennent réellement des œuvres universelles.

Et ce luxe intellectuel aura son action directe et puissante sur le choix des moindres attitudes.

Dès maintenant il est aisé de constater combien les formes des choses les plus usuelles tendent à se perfectionner, quelle préoccupation est née chez des gens qui se croient des réactionnaires et que l’ambiance guide et pousse malgré eux, de produire à bon marché des meubles aux profils curieux et rares.