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LE COLLECTIVISME

que les craintes qu’on exprime apparaissent illusoires et vaines : c’est qu’une organisation sociale, comme le collectivisme, basée sur la coopération quotidienne et permanente des citoyens, fera du travail la plus haute manifestation du devoir envers soi et envers ses semblables.

Il suffit de constater la passion avec laquelle, dans des services publics, dès maintenant régis par la collectivité en régime autoritaire, certains individus se sacrifient et se dépensent sans compter, pour juger de ce que l’humanité a le droit d’attendre des hommes.

Si des chefs de gare, des agents des postes, des receveurs des accises, des douaniers, des cantonniers, se dévouent et s’exaltent pour ne récolter que l’approbation d’un directeur ou d’un inspecteur, avec quel dévouement ils se dépenseront lorsque le moindre acte du dernier des ouvriers constituera pour lui un titre de reconnaissance auprès de ses compagnons de travail. De nos jours, un tel acte n’est que trop souvent considéré comme un acte de flatterie envers un patron ou un acte de concurrence aux dépens des compagnons d’atelier, et chacun ne fait trop souvent que strictement le labeur qui lui a été assigné.

Le besoin d’activité qui dévore les hommes est du reste trop impérieux pour qu’ils puissent y résister.

Aussi dès que la paresse est devenue une situation normale pour un individu, il cherche à appliquer ses facultés à des besoins factices ou exaltés : boire, manger et dormir ne sont que