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LE COLLECTIVISME

des fonctions passagères. Il est pourtant des individus, qui s’ingénient pour la satisfaction de leur soif et de leur faim, à trouver des raffinements inédits. Et c’est ce qui explique le succès de certains restaurants, fréquentés par les beaux messieurs et les belles dames de la haute pègre.

C’est parmi ces paresseux de la haute noce que nous trouvons encore les protecteurs des courses, les protagonistes de la chasse, les habitués des cercles et des maisons de jeu. Il faut à leur cerveau et à leurs membres des occupations indispensables, poussés qu’ils sont par l’inéluctable nécessité de dépenser les forces qu’ils ont accumulées en eux.

C’est du travail inutile, c’est du travail stérile et souvent néfaste ; mais c’est la malédiction qui les frappe parcequ’ils sont paresseux.

Celui qui ne sait pas employer son intelligence et son énergie d’une manière productive, est condamné à appeler sur lui l’attention des miséreux et à inciter leur envie par ses frasques et par ses parades. C’est la justice des choses qui les contraint à se promener en triomphateurs au travers de leurs plaisirs coupables et à se signaler ainsi à l’animadversion et à la vindicte publiques.

Ainsi ont péri les hommes de la décadence romaine et de la décadence féodale, pour avoir vécu en paresseux au milieu de masses astreintes au travail. Ainsi périra la ploutocratie moderne.

En régime collectiviste, la collectivité sera seule vraiment milliardaire.

L’impossibilité pour les individus d’accumuler des richesses, qui ne soient pas le résultat de leurs