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LE COLLECTIVISME

efforts personnels, les mettra à l’abri des tentations auxquelles, au cours des évènements historiques, les privilégiés de la fortune ont successivement succombé.

Ne sera paresseux que celui qui voudra se contenter de coucher sur la dure et de manger du pain sec : un tel paresseux ne pourra faire du mal à personne, car il lui sera difficile d’entretenir des chevaux, de séduire des filles et d’enrichir des tripots.

S’il y a des paresseux, en régime collectiviste, c’est que, par atavisme, le cénobitisme aura conservé quelques adeptes. On les entourera sans doute, à ce titre, de quelque considération, mais nous doutons que le nombre de ceux, qui se contenteront d’une pitance aussi maigre, soit de nature à inquiéter la société collectiviste.

XI

Liberté, égalité, fraternité ! Cette triple affirmation a servi de principe à l’évolution séculaire de la bourgeoisie. Et voilà soudain qu’elle renie l’égalité et la fraternité, pour ne se souvenir que de la liberté et la déclarer en péril, parceque le collectivisme est né.

C’est là une terreur injustifiée, car si le collectivisme n’était pas libertaire et libérateur, il serait vaincu dès son triomphe et détruit pas ceux qui l’auraient instauré. L’humanité, en effet, depuis ses origines, va vers plus de liberté, et de l’esclavage a marché vers le servage et du servage vers le prolétariat. Chacune de ces étapes a assuré, à une quotité d’hommes chaque fois plus grande, une plus grande somme de liberté.