Cette liberté, il est vrai, a diminué la puissance coërcitive et autoritaire des classes qui détenaient le pouvoir. Il est apparent que le despote antique avait sur ses sujets des droits de vie et de mort, que le seigneur féodal n’a plus possédés sur ses serfs, ni le chef d’industrie sur ses ouvriers. Ces droits de vie et de mort, le seigneur féodal et le chef d’industrie les ont exercés pourtant, mais d’une manière de plus en plus indirecte et de plus en plus inefficace. Le collectivisme a pour but immédiat de libérer entièrement et définitivement les travailleurs de cette sujétion terrible.
Au cours des temps aussi, la liberté d’aller et de venir s’est accrue au profit des hommes. Les esclaves ne circulaient que les entraves aux pieds et ne connaissaient des cités que les marchés où l’on trafiquait de leur peau. Les serfs ont été attachés à la glèbe, et s’ils n’étaient pas vendus individuellement, ils étaient cédés comme des accessoires du sol ; pourtant, ils se libérèrent de ce joug, mais à la fin du siècle dernier un citoyen ne pouvait quitter que difficilement le territoire national. Depuis lors, les prolétaires peuvent se déplacer, mais combien d’entraves encore leurs ressources restreintes et leur ignorance des langues, des usages et des mœurs mettent à leur libre circulation. Par la diffusion d’un enseignement intégral, par la majoration des salaires, le collectivisme assurera enfin à tous un droit égal à parcourir la terre et en fera vraiment le patrimoine commun des hommes.