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LE COLLECTIVISME

Il suffit de visiter certaines contrées, où déjà le sol est approprié par des collectivités locales, cantonales ou communales, pour voir la libération des individus s’affirmer avec une intensité vraiment curieuse et réconfortante. Que peut un patron ou un propriétaire sur un paysan qui, chaque année, obtient sa part de bois de la forêt collective, qui peut envoyer paître sa vache et sa chèvre sur le pré communal, qui possède un four banal pour cuire son pain, qui a pour vivre enfin, lui et les siens le droit de louer à bas prix une portion du territoire de sa commune. Ce paysan parle et agit librement : le droit de l’affamer ou de le diffamer expire au seuil de sa demeure. Or, le collectivisme a pour idéal d’assurer à tous cette égale liberté. Comme il y a eu des affranchis sous le régime de l’esclavage, comme il y a eu des bourgeois échappés au régime du servage, il y a des citoyens qui, sous le régime du prolétariat, jouissent déjà des avantages du régime collectiviste.

C’est cette circonstance, qui s’est reproduite à toutes les époques, qui assure aux idées nouvelles leur force de pénétration. Il n’y a rien de tel, pour persuader les incrédules et les rétrogrades, que des exemples décisifs et des faits réalisés.

Oser soutenir que le collectivisme verra succomber et périr la liberté, c’est fermer volontairement les yeux à la lumière. Que des intéressés s’efforcent de tromper à ce sujet des gens ignorants ou confiants, c’est là une tactique déloyale, trop simple pour qu’ils n’en fassent pas