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Le Bouif errant

une maestria turbulente. Il fréquentait les salons littéraires et les bars de nuit en renom. Il était l’objet des attentions de la Haute Banque et catalogué sur les registres des agences matrimoniales qui fournissent l’Amérique du Nord de prétendants pour petites milliardaires.

Mais le prince Ladislas Samovaroff ne tenait pas à se marier. La vie lui semblait encore fort belle.

Son titre lui procurait la considération des salons du noble faubourg et les attentions des habitués des crémeries coûteuses de la Butte.

Car les Princes ont l’avantage, sur les autres hommes, de plaire à la fois à la Noblesse, au Clergé, à l’Armée et à la Galanterie. Ils sont les grands favoris de ces quatre soutiens de l’Ordre moral, qui adorent les gigolos de marque, les chevaux de course, les autos de grande vitesse et tous les objets décoratifs et inutiles.

Cette adoration perpétuelle était encouragée par le physique sympathique de Ladislas et par son caractère expansif.

C’était un gavroche couronné, qui affectait le langage des hautes sphères de la Butte, qui parlait l’anglais, l’argot et le « louchébem », et connaissait les noms de tous les cocktails et toutes les spécialités des petites femmes chargées d’embellir les promenoirs, les dancings et les restaurants de nuit.

Ces belles personnes traitaient le jeune prince avec une respectueuse familiarité. Elles le considéraient un peu comme un membre de leur corporation, comme un jeune frère dont elles surveillaient l’éducation politique. Elles couchaient avec